Aujourd'hui, j'ai décidé de vous proposer un article pratico-pratique.
Je vous dévoile les coulisses d’une photo d'oiseau que j’ai prise au Costa Rica.
L’idée est de vous proposer une vue d’ensemble des choix que j’ai faits pour obtenir cette photo d'aigrette.
Nous allons parler du contexte, du matériel utilisé, des principaux réglages, de la composition et du post-traitement.
Le choix du sujet
Je vous en ai déjà parlé sur le blog, alors je ne vais sûrement pas vous surprendre : le Costa Rica dispose d’une biodiversité exceptionnelle. C’est assez incroyable la variété d’animaux et de plantes que l’on peut recenser pour un petit pays de seulement 51 000 km2.
Par exemple, on dénombre environ 900 espèces d’oiseaux à travers le pays. C’est presque deux fois plus d’espèces qu’en France métropolitaine pour un territoire dix fois plus petit !
Parmi les sites les plus riches en oiseaux au Costa Rica, il existe une rivière bien connue des ornithologues et des photographes animaliers : le Río Tárcoles.
Cette petite rivière d’une centaine de kilomètres de long abrite une faune riche qui fait le bonheur des visiteurs. Pour tout vous dire, c’est l’un de mes spots préférés pour photographier des oiseaux au Costa Rica.
L’aigrette tricolore (Egretta tricolor) est l’un des oiseaux que l’on peut facilement observer (et photographier !) sur les berges du Río Tárcoles. Cette aigrette de taille moyenne vit uniquement sur le continent américain. On la rencontre perchée sur des branches ou les pattes dans l’eau à la recherche de poissons, de grenouilles ou de petits crustacés dont elle raffole.
J’ai pu photographier ce sujet lors d’une sortie en bateau sur la rivière. Pour explorer au mieux les richesses du lieu, c’est le mode de déplacement idéal. Le bateau permet d’atteindre des endroits inaccessibles à pied et de maximiser ses chances de faire de belles rencontres.
Le matériel
Maintenant que vous connaissez un peu mieux le contexte de cette photo, nous pouvons entrer dans le vif du sujet. Commençons d’abord par le matériel avec le choix du boîtier et de l’objectif.
Même si les aigrettes ne sont pas des oiseaux très farouches, il est préférable de garder une certaine distance. D’une part pour ne pas les déranger, d’autre part pour ne pas les faire fuir avant d’avoir pu prendre la moindre photo !
Le choix d’un téléobjectif s’imposait donc pour ce sujet. Il m’a permis de remplir le cadre avec l’oiseau sans avoir besoin de trop m’approcher.
Pour prendre cette photo, j’ai utilisé un zoom : le Nikon 200-500 mm. Je suis vraiment fan de cet objectif, car il offre à la fois de la polyvalence avec sa grande plage focale et aussi une excellente qualité d’image. Le bateau étant assez loin de l’oiseau, je me suis mis à la focale de 500 mm pour que mon sujet occupe une bonne place dans le cadre.
Au niveau du boîtier, j’avais monté un reflex plein format : le Nikon D610. Ce boîtier m’accompagne déjà depuis plusieurs années et il est toujours aussi performant.
Sur le papier, ce n’est pas un appareil forcément taillé pour la photo sportive ou animalière. Mais j’ai peu de choses à lui reprocher, si ce n’est la couverture des collimateurs qui est un peu trop réduite dans certaines situations.
Les réglages
Comme je souhaitais obtenir un arrière-plan flou, j’avais besoin d’une faible profondeur de champ. J’ai donc choisi l’ouverture la plus grande de mon objectif (f/5.6) pour pouvoir bénéficier d’une zone de netteté étroite.
Avant de prendre cette photo, j’ai sélectionné le mode priorité ouverture (A ou Av selon les fabricants). Pour rappel, il s’agit d’un mode semi-automatique. Le photographe choisit l’ouverture et l’appareil photo adapte la vitesse pour que la photo soit bien exposée.
La lumière étant présente en quantité suffisante, je n’ai pas eu besoin d’augmenter la sensibilité ISO. Avec une sensibilité de 200 ISO, j’ai pu bénéficier d’une vitesse de 1/400 s. Cette vitesse était largement suffisante pour photographier un oiseau immobile.
J’ai également enclenché la stabilisation optique de mon objectif pour atténuer mes mouvements et ceux du bateau. La stabilisation m’a permis d’avoir un certain confort pour shooter à main levée et éviter un flou de bougé.
Enfin, quelques mots sur la mise au point. Dans la plupart des cas, je fais confiance à l’autofocus de mon appareil photo pour assurer la netteté de mon sujet. L’oiseau étant statique j’aurais pu me contenter d’utiliser le mode autofocus ponctuel (AF-S ou One-Shot selon les fabricants).
Mais comme le bateau était en mouvement, j’ai décidé de privilégier le mode autofocus continu (AF-C ou Ai Servo). Avec ce mode, l’appareil continue de faire la mise au point sur le sujet tant qu’on maintient le déclencheur enfoncé à mi-course. Ainsi, l’oiseau est resté en permanence dans le plan de netteté et je n’ai pas eu besoin de refaire la mise au point toutes les 5 secondes.
La composition
Dès que j’ai aperçu cette aigrette, je me suis dit qu’il y avait une photo intéressante à réaliser. Le sujet en lui-même avait déjà du potentiel et sa pose était plutôt sympa. Mais ce qui a aussi attiré mon œil, c’est la branche sur laquelle il était perché.
La branche allant de bas en haut, il y avait une diagonale à exploiter pour composer mon image. Il a juste fallu attendre que le bateau avance pour que je trouve le bon angle et que tous les éléments se mettent en place.
Comme le bateau se déplaçait à faible allure, j’ai eu l’occasion de prendre plusieurs photos. Lorsque le sujet et/ou le photographe bougent, il est toujours préférable de ne pas se limiter à une seule image.
Dans ce genre de situation, on n’a pas toujours le temps de peaufiner sa composition au moment de la prise de vue. En prenant une série de photos, on s’offre le luxe de pouvoir choisir la meilleure a posteriori.
Au final, c’est la photo présentée en début d’article qui est ressortie du lot. La branche forme une diagonale qui s’étire de part et d’autre du cadre. L’oiseau est idéalement positionné sur la gauche, ce qui laisse de l’espace dans la direction où il regarde. Enfin, cet angle de vue a permis d’avoir un arrière-plan lointain et de profiter ainsi d’un joli bokeh.
Le post-traitement
Une fois rentré du terrain, je me suis attaqué au post-traitement de mon image. Pour cela, je me suis limité à quelques petites retouches dans le logiciel Lightroom.
J’ai commencé par recadrer légèrement mon image. Lorsque je suis sur le terrain, j’ai l’habitude de cadrer toujours un peu plus large, surtout lorsqu’il s’agit de sujets mobiles ou si je suis moi-même en mouvement.
Cela donne une marge de sécurité fort appréciable. En effet, en cadrant trop serré, on peut vite se retrouver avec une partie du sujet qui est coupée ou que celui-ci soit trop “collé” sur un bord du cadre.
J’ai ensuite réalisé quelques réglages généraux sur l’ensemble de l’image. J’ai d’abord réchauffé les couleurs grâce au réglage de la balance des blancs. Puis, j’ai ajouté un peu de contraste et j’ai renforcé la netteté.
Pour terminer, j’ai procédé à un réglage local sur le ciel. Comme la partie haute de l’image était un peu trop lumineuse, j’ai décidé d’assombrir le ciel pour que l’aigrette ressorte mieux.
Pour cela, j’ai utilisé le pinceau de retouche de Lightroom et j’ai peint sur le ciel. Après avoir délimité précisément ma zone de travail avec le pinceau, j’ai diminué la luminosité spécifiquement sur cette zone avec le réglage Hautes Lumières.
Voilà, je pense avoir dit l'essentiel sur cette photo d'oiseau. J’espère que l’analyse vous a plu et que vous avez appris des choses que vous pourrez appliquer lors de vos prochaines sorties.